L’ENDOMÉTRIOSE
Il s’agit d’une maladie défi nie par la présence de fragments de muqueuse utérine, c’est-à-dire la partie interne de l’utérus appelée l’endomètre, en dehors de l’utérus. Ces fragments comprennent aussi bien des glandes que du stroma (tissu qui sert à soutenir et à relier entre eux les nerfs, les vaisseaux sanguins et lymphatiques). Ces fragments peuvent se situer dans de nombreux endroits du corps et sont, tout comme l’utérus, sensibles à l’imprégnation hormonale lors du cycle menstruel. En conséquence, cela provoque des douleurs partout où ces fragments se nichent. Les localisations sont diff érentes d’une jeune fille à une autre. On peut les trouver :
• au niveau du péritoine, l’enveloppe des organes de l’abdomen ;
• dans l’utérus lui-même, mais à un autre endroit que l’endomètre : on parle alors d’adénomyose ;
• dans les ovaires : on parle d’endométriomes ou de kystes endométriosiques ;
• dans les trompes de l’utérus ;
• sur les ligaments qui fixent l’utérus au petit bassin ;
• au niveau du rectum ;
• très rarement, sur l’intestin grêle, la paroi abdominale interne (à hauteur du nombril) ou la vessie.
On comprend donc que, lors des cycles, tous ces « foyers » d’endométriose peuvent flamber et provoquer des douleurs à des endroits multiples et diff us, mal localisables. Une réaction infl ammatoire a lieu, avec formation de lésions et de cicatrices. Plusieurs organes peuvent être atteints chez une même personne. La douleur n’est cependant pas proportionnelle au nombre de ces localisations : il peut y en avoir très peu, mais qui causent des douleurs intenses.
DÉJÀ, CHEZ L’ADOLESCENTE ?
On pense à tort que l’endométriose ne touche que les femmes plus âgées, mais une adolescente peut aussi être confrontée à cette pathologie. Il est important de savoir de quoi il s’agit pour identifi er les symptômes. Trop de femmes souffrent de règles douloureuses, souvent sans savoir qu’elles ont peut-être une endométriose et que cette maladie peut se prendre en charge et être traitée.
Tout commence avec l’apparition des règles. Parfois, certaines jeunes filles ressentent déjà des douleurs prémenstruelles, d’autres rarement ou jamais. Toute douleur ne signifie pas qu’il y a endométriose, bien entendu, mais la douleur, surtout si elle est forte, appelle à la vigilance. Si des cellules de l’endomètre s’installent ailleurs dans le corps, celles-ci seront sensibles aux hormones ovariennes (œstrogènes), se développeront et saigneront à chaque cycle menstruel. La prévalence (ou le nombre de cas rapporté à l’effectif total d’une population) de l’endométriose chez l’adolescente n’est pas bien connue en raison de diagnostics tardifs et de la nécessité de réaliser une laparoscopie ou cœlioscopie. Il s’agit d’introduire dans la paroi de l’abdomen un instrument pour confirmer le diagnostic. Les femmes atteintes d’endométriose rapportent néanmoins la survenue des premiers symptômes dès l’adolescence, ce qui démontre qu’il faut être attentif aux plaintes de l’adolescente et ne pas minimiser ses douleurs.
LES SIGNES DE L’ENDOMÉTRIOSE
Le premier des signes est la dysménorrhée : les règles douloureuses. Les douleurs peuvent être intenses, mais pour autant mal évaluées, car c’est une nouveauté pour la jeune fille qui ne sait pas encore comment mesurer l’intensité de cette douleur. Il faut pourtant bien l’écouter puis l’orienter vers un·e gynécologue sensibilisé·e.
La douleur provoquée par l’endométriose n’est pas une dysménorrhée primaire qui s’apaise avec la prise de paracétamol (dans ce cas, il n’y a pas lieu de s’inquiéter). L’endométriose provoque en revanche, dans la majorité des cas, une douleur invalidante entraînant une incapacité totale ou partielle pendant quelques jours, voire, pour les cas les plus sévères, tous les jours. Elle nécessite le recours à des antalgiques puissants voire morphiniques et revient chaque mois, de plus en plus forte. La dysménorrhée peut être un signe parmi d’autres : mal-être, troubles du sommeil, troubles du comportement alimentaire, mauvaise estime de soi, etc. Elle peut aussi entraîner :
• des douleurs pelviennes (dans le bas du ventre) chroniques, sans rapport avec le cycle ;
• une limitation des activités physiques ;
• un absentéisme scolaire régulier ;
• une fatigue chronique ;
• des troubles digestifs de type vomissements, diarrhées, fréquentes émissions des urines ;
• des difficultés à uriner ;
• des douleurs lors de la défécation ;
• des douleurs lors des rapports sexuels ; pour les ados qui ont déjà eu des relations, on parle de dyspareunie.
DIAGNOSTIQUER L’ENDOMÉTRIOSE
On considère donc que toute dysménorrhée sévère chez l’adolescente doit être explorée, car l’impact sur sa vie future peut être sérieux (douleurs lors des rapports sexuels, irritabilité, infertilité, absentéisme du fait des douleurs, troubles du transit, fatigue chronique, dépression, etc.).
• En premier lieu, une échographie pelvienne classique doit être effectuée. C’est lors de cette échographie classique que le radiologue décidera s’il faut faire une échographie par voie endovaginale lors d’un autre rendez-vous, ce qui permet de s’y préparer psychologiquement car la jeune fille peut l’appréhender.
• On ne recommande pas de faire une IRM chez une adolescente en première intention. Cependant, elle pourra être réalisée au sein d’un centre expert en cas de symptômes digestifs et/ou urinaires et après échec d’un traitement de première intention pendant une période d’au moins 6 mois, s’il y a absence d’anomalie à l’échographie pelvienne chez les jeunes filles vierges.
• Enfin, il existe la possibilité récente d’effectuer des tests salivaires Ziwig Endotest®, qui utilisent la signature moléculaire en micro-ARN de l’endométriose, avec une sensibilité à 96 %. Cette technique est plus souple, efficace et moins agressive. Son remboursement est encore à l’étude.
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CET ARTICLE A ETE ECRIT PAR - Arnault PFERSDORFF
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