Et si nous décidions de créer un sas de décompression pour passer d'un lieu à l'autre ?
Le bus, le métro ou la voiture (une fois garée, si nous sommes le conducteur) qui nous mène de notre lieu de travail à notre espace familial peut être ce sas, une bulle de respiration.
Le premier acte conscient et motivé consiste à éteindre notre téléphone. Ensuite nous prenons conscience de notre position assise en sentant le contact du fauteuil avec notre corps et du sol sous nos pieds. Puis tranquillement, sur une profonde inspiration, nous embarquons pour un voyage immobile vers notre monde intérieur.
Il nous suffit de suivre le flux de notre respiration, l’air entrer et sortir ; sentir les mouvements de notre corps avec le va et vient de notre souffle. Nous portons notre attention sur les sensations dans nos narines, la différence de température de l’air, les mouvements de notre cage thoracique, notre ventre qui se gonfle, puis se dégonfle au rythme de notre respiration. Reliés ainsi à notre corps, nous constatons l’éventuelle présence de tensions musculaires, des picotements, d’autres sensations, ou des acouphènes, … Et si des pensées s’imposent, prennent notre attention en otage, ou si nous les avons suivies vers des contrées lointaines, nous nous contentons de le remarquer et tranquillement sans nous juger, nous revenons à notre souffle, à notre corps.
Nous pouvons peut-être constater la présence d’une émotion. Dans ce cas, nous lui accordons notre plus douce attention, comme pour lui signifier que nous l’avons vue, sentie et comprenons son rôle précieux de messagère. Nous ne cherchons pas à modifier ou à nous accrocher à ce que nous ressentons, les émotions ne font que passer. Si nous constatons des sons autour de nous, ou quoique ce soit d’autre, nous les accueillons, sans chercher à les nommer ou les qualifier d’agréables ou de désagréables. Nous remarquons leur caractère éphémère ou répétitif, leur intensité, leur durée, ...
Nous pouvons rester en lien avec notre corps et notre souffle tout en ouvrant notre attention aux sons qui nous entourent ou bien passer de l‘un à l’autre, en nous concentrant sur un seul objet d’attention à la fois. Dans le premier cas, nous nous exerçons à être présents et dans l’acceptation de tout ce qui se présente à nous, que ce soit agréable ou désagréable et dans l’autre cas, nous développons notre attention focalisée, notre concentration. C’est un excellent exercice pour apprendre à ne faire qu’une seule chose à la fois, notamment être à l’écoute de notre enfant sans que notre esprit nous détourne de notre intention d’être vraiment là pour lui.
C'est en forgeant qu'on devient forgeron !
Cette pratique requiert de l’entrainement, il ne suffit pas de l’essayer une fois ou deux pour que cela fonctionne. Plus nous pratiquons, plus nous voyons l’étendue de son potentiel. La méditation de pleine conscience consiste à porter intentionnellement attention à ce qui se passe en nous et autour de nous, instant après instant, sans porter de jugement de valeur et sans chercher à changer ce qui est là. Pratiquer la Pleine Conscience régulièrement nous permet de mieux comprendre notre fonctionnement cognitif et affectif, nos tendances à agir, voire à réagir dans certaines circonstances avec nos enfants. Nous apprenons à basculer du pilotage automatique à la conscience et ainsi nous améliorons notre relation à nous-mêmes et avec nos enfants.
Retrouvez plus de conseils de méditation de Delphine Chaumont Aïdan dans son ouvrage Méditer en famille – 8 séances pour apprendre l’attention paru aux Éditions Hatier :