Après son grand succès avec Votre enfant sorti en 2021, cette année il propose un ouvrage davantage tourné vers le rôle de parents et le couple dans Vous Parent.
Partant du constat qu’être parent ne consiste pas seulement à éduquer son enfant, Arnault Pfersdorff se met dans son nouvel ouvrage à l’écoute de tous ceux qui lui font part de leurs doutes et de leurs difficultés. Car être parent, c’est conjuguer le quotidien familial, intime, professionnel, scolaire, toutes ces sphères qui gravitent autour du maillon parent-enfant.
Je n’ai plus envie d’avoir de relations intimes avec mon conjoint, est-ce normal ?
L’arrivée d'un étranger : bébé
Quand un projet d’enfant se manifeste, c’est que le couple se sent stable, il cherche en somme à se consolider. Toute la période de la grossesse renforce les liens qui existaient, c’est une longue période de gestation, pas seulement pour bébé, mais aussi pour le couple qui se projette, chacun avec son ressenti, son baluchon à émotions.
Certains couples ont des rapports sexuels à l’approche du terme, d’autres mettent en veilleuse dès l’annonce de la grossesse, chacun fait comme il le sent.
Une fois bébé arrivé, tout se bouscule, c’est un H24 qui s’installe, avec impact inévitable sur l’entente sexuelle du couple, c’est normal, à chacun son rythme, ses priorités. Il est même possible que la réapparition du désir sexuel soit tardive. Il y a de nombreuses bonnes raisons à cela.
Un problème d'anatomie ? De physiologie ?
Une grossesse est un énorme bouleversement sur le corps, aussi bien physiquement que psychiquement. Il est donc normal qu’il faille quelque temps pour se réapproprier celui-ci et donc se laisser apprivoiser à nouveau.
- Il y a peut-être une demande de la part de votre conjoint, parfois précoce. Soyez en phase, si vous ne vous sentez pas prête, il comprendra, rien de mieux que le dialogue. Il y a le risque d’en garder un mauvais souvenir avec comme conséquence des blocages ultérieurs.
- Privilégiez les câlins, les moments d’intimité, les petits gestes l’un envers l’autre, sans forcément avoir de rapport sexuel. C’est important que le couple retrouve ses temps de partage, ses messages d’attachement qui renforcent son union.
- Vos muscles se sont distendus et l’on sait combien le périnée joue un rôle dans le déclenchement de l’orgasme (d’où l’importance de la rééducation).
- Vous avez peut-être subi une épisiotomie (6 jours pour la cicatrisation). Cet acte étant ressenti comme une intrusion violente dans votre corps, son impact sur la libido est bien connu, et non seulement sur le plan anatomique, mais aussi sur le plan psychique.
- Une césarienne agit sur la tonicité de la musculature abdominale, la rééducation se fera plus tardivement.
- Vous avez peut-être besoin de trouver d’autres positions sexuelles. Le cas échéant, faites appel à un(e) sexothérapeute, pas de honte à ça !
Et si c'était dans ma tête ?
Le désir peut être là chez certaines femmes, plus tôt que chez d’autres, mais il suffit d’un rien pour que tout se bloque, le cerveau émotionnel reprenant le dessus provisoirement.
- Si vous n’avez pas repris de rapports sexuels 6 à 8 mois après l’accouchement, parlez-en. Faites-vous accompagner si besoin. La majorité des couples reprend une activité sexuelle 8 semaines après l’accouchement, mais pas de panique si vous n’en faites pas partie.
- Certaines femmes, en particulier quand elles allaitent, deviennent mères à 200 %, et leur place en tant que femmes passe au second plan.
- D’autres se mettent à culpabiliser, ne se trouvant plus « féminines ». L’image négative du propre corps peut provoquer une perte de confiance en soi et il peut être utile d’être accompagnée (sage-femme, psychologue, sexothérapeute) pour ne pas se laisser enfermer dans cette perte d’estime de soi. C’est assez fréquent et tout dépendra de l’image que vous aviez de vous-même avant la maternité.
- Un couple doit pouvoir parler sexe sans gêne. Peut-être découvrirez- vous que votre conjoint a aussi des difficultés, ce serait dommage de rester chacun de son côté en silence.
- Peut-être n’avez-vous jamais réellement connu le plaisir coïtal, alors pourquoi le trouver plus facilement après l’accouchement ? Un petit travail exploratoire sur vos « creux » féminins est peut-être à envisager.
- N’oubliez pas que le désir sexuel comporte à la fois le besoin d’amour, le désir d’un coït (le plaisir simple d’une jouissance aboutie), la séduction, mais aussi la maternité. Les pourcentages de ces différents désirs varient d’une femme à l’autre. Et si le désir de maternité est très fort, il est compréhensible qu’une fois bébé arrivé le désir sexuel passe au second plan.
- L’homme et la femme ne sont pas forcément construits de manière identique sur le plan sexuel. Là où l’un démarre au quart de tour, la femme est plus nuancée, elle a besoin de se sentir sécurisée pour pouvoir s’apaiser et laisser ses sens se lâcher. L’arrivée de bébé bouscule cette hiérarchie des sens, c’est un classique. Il faut réapprendre, savoir aussi confier bébé à une tierce personne pour retrouver quelques moments de vie en couple.
Tant de facteurs qui interviennent
Dans tous les cas, si vous sentez que vous avez un problème avec votre désir sexuel, commencez par procéder par élimination. De nombreux facteurs peuvent être déclencheurs : fatigue, bébé qui dort encore dans votre chambre, maintien de plusieurs tétées nocturnes, anxiété à l’idée de reprendre le travail, sentiment de devoir tout maîtriser, disposition peu fonctionnelle de votre logement, poids de l’entourage, l’impression de ne pas faire assez bien, crise identitaire, etc.
Ne vous croyez pas superwoman ou superman : ce n’est pas parce que bébé est là que vous devez gommer votre vie d’antan. Après un accouchement, concentrez- vous sur vous-même et non sur ce que le conjoint pense de votre corps. Et n’hésitez pas à en parler à votre médecin qui pourra vous orienter, zéro tabou.
Le conseil en +
Après un accouchement, concentrez-vous sur vous-même et non sur ce que le conjoint pense de votre corps.
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