Très vite, des clans se forment. On reste entre soi et on ignore les autres, ceux qui sont différents ou qui viennent d’un autre quartier. L’intolérance et le sectarisme ne sont pas spontanés chez nos enfants, mais ils se propagent vite, notamment chez les adolescents et pré-adolescents.
Je crois profondément que la littérature est l’un des meilleurs moyens pour combattre ces préjugés.
Le Journal de Nisha, de Veera Hiranandani, me semble être une illustration parfaite de mon propos. L’héroïne de ce roman épistolaire, Nisha, a douze ans ; elle est orpheline de mère. Elle habite dans la province du Sind, au nord-ouest de l’Inde, quand, en 1947, elle se trouve plongée dans le tumulte tragique de la Partition, c’est-à-dire la division de l’Inde ancienne en deux États : l’Inde nouvelle, à majorité hindouiste, et le Pakistan, à majorité musulmane. C’est alors qu’elle décide de confier toutes ses impressions à son journal intime, dans lequel elle s’adresse à sa mère défunte.
Avec sa famille, elle est contrainte de quitter sa ville natale et de participer à un exode, au cours duquel elle assiste à des scènes chaotiques et violentes, sans comprendre les causes de l’intolérance et de la haine qui semblent s’être abattues sur son monde. Elle et son frère jumeau, médusés et meurtris, sont confrontés à des affrontements religieux au sein même de l’école, eux qui comptent autant de musulmans que d’hindouistes parmi les gens qu’ils aiment, puisque leur père est hindou, et leur mère était musulmane. C’est cette double identité et ce contexte familial qui permettent à Nisha et à son frère de résister sans faillir à la pression ambiante, qui voudrait qu’ils choisissent un camp.
Leur choix de tolérance s’impose comme une option toute naturelle, irréfutable, incontournable dans la logique du roman, qui nous montre que, dans les deux communautés, beaucoup de gens sont capables de gestes de bonté et d’humanité, même si, dans les deux camps, on trouve des énergumènes également sanguinaires et cruels. C’est en cela que Le Journal de Nisha se révèle juste et salutaire, à un moment où les démagogues de tout poil, en Europe, en Inde, au Proche-Orient ou aux États-Unis sont au cœur d’une actualité à laquelle il n’est pas facile d’échapper. C’est pourquoi il est important, à notre échelle, de délivrer le bon message à nos enfants. C’est en cela que la lecture peut s’avérer être un outil fructueux, en plus d’un moment de plaisir.
Et vous, comment transmettez-vous les valeurs de tolérance à vos enfants ?