Les acquisitions
Toute la pédagogie consiste à respecter ce rythme, propre à chaque être humain. C’est la raison pour laquelle, dans une classe Montessori, les enfants sont libres de choisir leur activité, en fonction de leurs besoins et de leurs centres d’intérêt du moment. Ces besoins et ces centres d’intérêt divergent d’un enfant à l’autre. Certains enfants sont très portés sur les activités de vie pratique, d’autres sur les activités sensorielles ou artistiques. Certains se passionnent pour l’écriture et la lecture, d’autres pour la numération et le système décimal. En résumé, tous les enfants sont différents, cela semble évident et pourtant...
Dans l’école traditionnelle, dès la maternelle, on attend d’eux les mêmes performances, aptitudes ou compétences, plus ou moins au même âge. Le programme est le même pour tous, les attentes également (aussi appelés attendus par l’Éducation Nationale). Comment s’étonner que certains enfants ne s’adaptent pas à un système qui leur demande justement un si grand effort d’adaptation ? Comment être surpris par les statistiques sur l’échec et le décrochage scolaires, dans ces conditions ? Maria Montessori dit en substance que l’école doit s’adapter à l’enfant et non l’inverse. L’enfant de 3 à 12 ans n’a pas encore développé toutes ses facultés d’adaptation et l’école doit l’y aider plutôt que l’y contraindre.
Le mélange des âges
Le mélange des âges constitue un outil intéressant pour le respect du rythme spécifique à chaque enfant. Il permet notamment d’éviter la comparaison et la compétition entre enfants du même âge. Les apprentissages étant répartis sur trois années consécutives au lieu d’une, chacun apprend à son rythme sans se soucier de l’âge théorique d’acquisition de telle ou telle compétence. L’organisation en cycles de 3 ans, plutôt qu’en niveaux, permet d’ailleurs un passage au cycle supérieur plus tôt pour les petits précoces et plus tard pour ceux qui ont besoin de plus de temps.
Un enfant qui ne sait pas encore lire pourra par exemple rester quelques mois de plus en Maison des Enfants (école maternelle). Celui qui s’ennuie en Maison des Enfants pourra de la même façon intégrer l’école élémentaire quelques mois plus tôt sans qu’il y ait besoin de recourir au « saut de classe » ou au redoublement.
À la maison
À la maison, l’enjeu n’est pas le même, certes, mais la nécessité de respecter la spécificité et le rythme de son enfant y est tout aussi primordiale. En effet, tous n’apprennent pas à marcher ni à parler au même moment et il n’est pas nécessaire de forcer ces acquisitions, qui viendront en leur temps. Il en va de même pour l’autonomie dans l’habillement, la capacité à faire seul un puzzle, l’apprentissage de la propreté ou du vélo sans roulettes. Certains parents peuvent être tentés de « pousser » ces acquisitions, parfois avec beaucoup de bonnes intentions. La tentation est grande aussi de comparer entre eux les enfants du même âge.
Combien de parents se sont demandé, angoissés, pourquoi leur enfant n’avait pas acquis telle ou telle compétence à un âge donné ? Dans une société de la performance et de la vitesse, il est parfois difficile de laisser à son enfant le temps de se développer à son rythme, en lui faisant tout simplement confiance.
Dans son livre intitulé « Quand l’école s’adapte aux enfants », Donna Bryant Goertz, éducatrice et directrice d’une école Montessori au Texas, rappelle que la quasi-totalité des enfants (sauf pathologie avérée) apprennent à lire entre 4 et 9 ans et qu’il n’y a pas lieu de s’inquiéter si certains mettent plus de temps que d’autres.
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