Que se passe-t-il dans la tête de l’enfant ?
Les cauchemars font partie du développement de l’enfant. Ils représentent une mise en scène des peurs de la journée de façon symbolique. Les cauchemars les plus classiques sont peuplés d’animaux sauvages, de sorciers, et autres monstres sortis tout droit de leur inconscient.
Le cauchemar est en réalité une sorte d’exutoire, une forme d’agressivité qui ressort car l’enfant n’a pas le pouvoir de l’exprimer dans la journée par peur ou par honte (comme la jalousie, la sévérité du parent, etc.). Seulement voilà, toute cette agressivité qu’il exprime la nuit se retourne contre lui au prix de se faire dévorer, kidnapper, assommer par les grands méchants (loups, serpents, ogres).
Quand la peur apparaît, l’enfant demande à être rassuré par ses parents. Il a besoin de savoir que l’agressivité qu’il a exprimée, cette partie « monstrueuse » en lui qu’il pense réelle, est normale et ne l’exclut pas de la famille.
Que se passe-t-il dans la tête du parent ?
Lorsque votre enfant se réveille en proie à un cauchemar, c’est souvent difficile pour le parent d’accueillir son enfant. Il est tard, tout le monde est fatigué, vous lui avez déjà lu dix histoires, caressé la tête, chanté des berceuses… Et cela ne fonctionne pas. Votre enfant a peur. Vous êtes impuissant et parfois en colère, en partie à cause du manque de sommeil. Comment avoir peur d’un loup que votre enfant n’a jamais vu ? Comment avoir peur de ce qui n’existe pas ? Pourtant vous avez déjà vérifié sous le lit, derrière le rideau. Vous l’avez rassuré, câliné, bercé, rien n’y fait.
Accompagner votre enfant
Paradoxalement, rassurer son enfant au sujet des cauchemars est efficace si vous l’accompagnez sur ce sujet particulier durant la journée.
Le cauchemar signifie pour l’enfant un conflit intérieur à dépasser. Il a besoin de transformer ces images monstrueuses à l’intérieur de lui. C’est donc l’enfant qui doit faire ce travail de transformation psychique avec son propre imaginaire, ses propres ressources et non le parent qui lui invente des histoires logiques pour le rassurer. En ce sens, le parent peut prendre un temps dans la journée pour aider son enfant à parler de son cauchemar (et non pendant la nuit où parent comme enfant sont épuisés et indisponibles pour l’écoute).
Petit rituel anti-monstre :
Voici quelques étapes qui pourront vous aider à prendre le temps avec votre enfant pour revenir sur ses cauchemars :
Étape 1 : Dessiner pour mettre à distance
« Hier, tu m’as parlé du grand méchant loup qui te fait peur. Il a l’air effrayant ! Peux-tu me le dessiner sur cette feuille ? Montre-moi à quoi il ressemble. Avait-il de grandes dents, de grands yeux terrifiants ? »
Étape 2 : L’aider à exprimer sa peur
« Maintenant, raconte-moi comment il arrive à te faire peur. Comment s’y prend-il pour venir dans ta chambre ? Qu’est-ce qu’il dit ou fait? Quelle est la pire chose qui pourrait arriver ? ».
En posant ces questions à l’enfant, on accède à la vraie nature de ses peurs, ce qui nous permet de mieux le rassurer. Par exemple, souvent, les enfants disent que si le loup les mange, ils ne verront plus leurs parents et seront alors séparés. C’est un précédé plus efficace que de chercher des baguettes magiques et autres farces et attrapes pour capturer un loup qui lui n’existe pas.
Étape 3 : Aider l’enfant à transformer son « monstre »
« Maintenant, comment pourrait-on aider ce loup si cruel à être plus doux et plus gentil ? On pourrait lui dessiner un chapeau ? Un nez rouge ? On pourrait aussi lui demander de ne plus venir te déranger la nuit et d’aller voir ses autres amis, qu’en dis-tu ? ».
On aide ainsi l’enfant à apaiser son conflit intérieur. Nul besoin de ratatiner ou faire mal au loup à coups de bâton car ces images d’agressivité empêchent les enfants de trouver le sommeil et les mettent dans un état de veille inconscient. Qui aurait envie de s’endormir paisiblement quand l’ennemi est à la porte ?
Étape 4 : Parler des ressources de l’enfant au moment du coucher
Avant de se coucher, on peut reparler de ce dessin à l’enfant et l’aider à dialoguer avec ce loup s’il lui rend visite la nuit. « S’il revient, tu te rappelles de ce que tu peux lui proposer ? Avec un chapeau, il a l’air beaucoup moins méchant, tu ne trouves pas ? De toute façon, je reste à côté de toi dans la chambre. Tu me raconteras demain matin comment tu as réussi à aider cet affreux loup ! ».
Les cauchemars sont naturels et inévitables chez l’enfant. Le tout est de savoir l’accompagner pour qu’il les appréhende au mieux. À vous de jouer !
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