LES RÉSEAUX SOCIAUX, PETIT RAPPEL
76 % des 12-17 ans utilisent les réseaux sociaux, bien qu'il ne soit pas permis de créer un compte avant 15 ans. Le premier grand réseau social, Facebook, a fait son apparition en 2004. Très rapidement, il a acquis des millions d’utilisateurs dans le monde, pour aujourd’hui en compter plus de 3 milliards. De nombreux autres réseaux ont ensuite vu le jour, avec chacun leurs spécificités : Messenger, WhatsApp, TikTok, Snapchat, Twitter, Instagram, LinkedIn, Discord, YouTube, etc. Tous ces réseaux et applications ont leurs périodes à succès : ainsi, Facebook a atteint des sommets, mais est désormais moins utilisé par les jeunes, au profit d’autres réseaux plus inventifs et mieux adaptés à ce public (interactions facilitées, confidentialité, rapidité, réactivité, anonymat aussi, avec ses dangers potentiels).
CONSTRUIRE SON IDENTITÉ SUR LES RÉSEAUX
Grâce au smartphone et aux réseaux, votre ado va se créer une identité numérique, continuer à construire sa personnalité, et partager du contenu avec un réseau de followers. Les réseaux, d’une certaine manière, accompagneront ses nombreuses transformations physiques et psychologiques. C’est aussi une façon pour lui d’interagir avec ses pairs et voir s’il est approuvé par le groupe. Il construit donc son identité sociale également. En revanche, cela peut être à double tranchant pour l’estime de soi : attention aux mauvais retours, voire au harcèlement.
En partageant des courtes vidéos, des photos, ou parfois celles des autres, les ados se positionnent : je partage, et toi, qu’en penses-tu ? vas-tu repartager ? liker ? faire un commentaire ? Chacun a ainsi la possibilité de « sculpter » son image, ce qui permet d’obtenir l’approbation de ses pairs plus facilement. Ce qui prime alors, c’est le partage d’expériences vécues (temps festifs, rupture amoureuse, éventuellement coming out), mais parfois aussi d’événements nettement plus graves (dépression, scarifications, addictions, etc.).
LE CYBERHARCÈLEMENT
Le cyberharcèlement est un des problèmes majeurs des réseaux sociaux. Seul face à son écran, l’ado qui en est victime n’ose souvent pas en parler, car il a honte. Le cyberharcèlement peut prendre différentes formes :
• les intimidations, insultes, moqueries ou menaces en ligne ;
• la propagation de rumeurs ;
• le piratage de compte et l’usurpation d’identité digitale ;
• la création d’un sujet de discussion, d’un groupe ou d’une page sur un réseau social à l’encontre d’un·e camarade d’école ;
• la publication d’une photo ou d’une vidéo de la victime en mauvaise posture (humiliation publique, diff usion de nude – ou photo dénudée, etc.) ;
• le sexting non consenti et le revenge porn (voir ci-dessous).
SEXTING ET REVENGE PORN
Le sexting désigne l’échange de contenus à caractère sexuel, par SMS ou messagerie instantanée. Il arrive que ces propos érotiques, écrits dans le cadre intime, soient alors diff usés publiquement sans le consentement de la victime. Le revenge porn, ou « vengeance pornographique », est de la pornodivulgation : il s’agit de rendre publics des images, des vidéos ou des propos à caractère érotique ou sexuel, pris dans un cadre strictement privé, à nouveau sans tenir compte du consentement de la victime. Le plus souvent, cela résulte d’une volonté de nuire, de vengeance, de manipulation ou d’emprise.
Parfois, la motivation est de soutirer de l’argent ou de « s’amuser, se vanter » devant des amis. Une fois le contenu diff usé, le mal est fait car il peut très vite devenir viral : d’autres ne se priveront pas pour diff user à leur tour, dans un eff et boule de neige qui causera un tort énorme à la victime. Chaque année, des milliers de personnes subissent cette violation de leur intimité. Ce phénomène touche particulièrement les adolescents même si tout le monde peut être concerné.
Le revenge porn est un délit puni par la loi. Les auteurs, ainsi que tous ceux qui relayent les contenus, risquent deux ans d’emprisonnement et 60 000 euros d’amende. La loi punit cette infraction même si la personne a donné son consentement à l’enregistrement initial de la vidéo ou des images. Le seul fait que la diff usion, notamment sur Internet et les réseaux sociaux, ait lieu sans le consentement de la personne suffit pour en faire une infraction. La victime doit porter plainte au commissariat ou à la gendarmerie, et une simple capture d’écran des images diff usées suffit. Le problème est que, souvent, la victime n’ose pas, ayant honte de montrer de telles photos au moment de porter plainte. Cela demande du courage, mais il s’agit peut-être de la seule manière d’arrêter ces agissements et de protéger d’éventuelles autres victimes. Le 30 18, numéro national contre les violences numériques est là pour vous accompagner et vous conseiller dans ces démarches. Il est aussi possible de signaler le profi l de la personne malveillante sur PHAROS.
UNE DÉGRADATION DE LA SANTÉ MENTALE ?
Récemment, aux États-Unis, 41 États ont porté plainte contre la société Meta (Facebook et Instagram), mais aussi Snapchat, YouTube, TikTok ou encore Google, qu’ils accusent d’être à l’origine d’une dégradation de la santé mentale des jeunes adolescents. Nous sommes à un tournant dans l’usage des réseaux sociaux par la population, en particulier par les ados dont la construction du cerveau n’est pas encore terminée, et pour qui nous ne mesurons pas bien encore l’impact sur la santé mentale. En eff et, la preuve d’un lien strict entre l’utilisation des réseaux sociaux et les troubles de santé mentale est diffi - cile à établir car, d’une part, nous ne disposons pas encore de publications sérieuses sur la durée et le respect des méthodes utilisées, mais aussi car ces pathologies peuvent être multifactorielles. D’autant plus que la « consommation » de réseaux sociaux est multiforme, varie d’un pays à l’autre, mais aussi d’un ado à l’autre.
Les risques principaux de l’utilisation de ces réseaux sociaux sont :
• la dépression et l’anxiété qui ont doublé chez les 11-24 ans en France en 5 ans ;
• les idées suicidaires, concernant 18 % des jeunes de 17 ans en 2022 ;
• l’impact sur la baisse des résultats scolaires, les troubles du sommeil, les conflits intrafamiliaux, le cyberharcèlement, etc.
Une des principales causes de l’augmentation de ces chiffres (en dehors de l’éco-anxiété, de l’évolution des pratiques éducatives parfois trop permissives, ou du sédentarisme pour beaucoup) c’est l’ingérence croissante des réseaux sociaux dans la vie des ados et surtout des adolescentes. En 2012, les 15-24 ans passaient moins d’une heure par jour sur les réseaux sociaux, en 2022 c’est presque 4 heures par jour pour les jeunes filles et 3 heures pour les jeunes garçons. Les algorithmes introduits dans la plupart de ces applications deviennent, chaque année, plus efficaces pour maintenir le plus longtemps possible les ados dans une consommation hors de contrôle. Le caractère ultra addictif n’a pas fini de nous étonner, les pouvoirs publics en ont conscience et réfléchissent à la meilleure manière d’éviter une aggravation de la situation. Pour le moment, en France, les conséquences sont encore peu visibles, mais vont en augmentant
Vous souhaitez découvrir les bons réflexes pour vous protéger et protéger vos ados des dérives des réseaux sociaux ?
Arnault Pfersdorff, pédiatre réanimateur, auteur, chroniqueur et expert pour la télévision, fondateur de Pediatre-Online, nous explique tous les moments-clés de l’adolescence qu’il convient d’anticiper, d’observer et de décrypter pour guider son adolescent sur le chemin de l’autonomie dans son dernier ouvrage : Votre Ado : Le décrypter, le motiver, l’aider à s’accomplir !
Découvrez Votre Ado : Le décrypter, le motiver, l’aider à s’accomplir ! d'Arnault Pfersdorff
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