D’abord, il faut plutôt se poser la question de savoir ce qu’il lit plutôt que ce qu’il ne lit pas. L’élève, démoralisé à l’idée d’entamer la lecture d’un ouvrage classique demandée par son professeur, est peut-être le même qu’il sera difficile d’arracher d’un roman fantastique de 1 000 pages ou celui qui passera ses journées enfermé à dévorer des BD. Tentez de rebondir sur ses intérêts pour l’amener à comprendre que d’autres écrits peuvent lui apporter certaines joies ou réponses qu’il attend.
Ensuite, tentez la carte de la séduction plutôt que celle de la contrainte. Les adolescents sont particulièrement rétifs à l’injonction. Le livre symbolise souvent les règles que leur imposent des adultes incapables de comprendre leurs préoccupations. Mais, à l’inverse, le livre peut éclairer le monde des adultes et faire découvrir à votre enfant que d’autres ont partagé et partagent leurs interrogations. Prêchez donc la lecture par l’exemple et incitez-les à lire en laissant traîner des livres dans les pièces communes et en en parlant à table. Enfin, ne désespérez pas ! Le déclic peut se faire attendre : le goût du livre est avant tout une affaire de rencontre. En attendant ce fameux déclic, profitez des occasions (vacances, trajets en voiture) pour passer des CD de livres lus ou privilégier le visionnage en famille de films adaptés d’œuvres littéraires.
Focus : Ces garçons qui ont honte de lire / La lecture peut offrir aux adolescents un outil leur permettant d’acquérir la maîtrise des changements corporels auxquels ils sont confrontés. C’est le constat dressé dans l’ouvrage Aimer lire. Guide pour aider les enfants à devenir lecteur, où Michèle Petit (anthropologue au CNRS) écrit : « Même s’ils n’y recourent que de façon très épisodique, c’est dans ce domaine de la construction de soi que les livres conservent les suffrages des adolescents. Ou du moins d’une partie d’entre eux : des filles, pour la plupart, et des garçons qui ont envie de tracer un chemin un peu différent des autres. Car nombre de garçons dans la puberté rejettent les livres comme ils s’arracheraient aux jupes de leurs mères, au point que ceux qui aiment lire le cachent pour éviter les sarcasmes, particulièrement en milieu populaire. Pourtant, une partie de ceux qui manifestent une telle hostilité sont en fait dans un dépit amoureux avec ces livres dont ils pensent, eux aussi, qu’ils recèlent peut-être un secret dont ils sont privés. ».
Certains pensent que les jeunes lisent toujours puisqu’ils sont confrontés aux textos et aux tweets à longueur de journée. Il ne faut pas tomber dans le piège de confondre la confrontation à l’écrit et la confrontation aux textes dans le sens où savoir lire, c’est savoir comprendre et se repérer dans un texte complexe. Le livre est pour cela la meilleure école !