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Développement de l'enfant|Vie quotidienne

Comment aider mon enfant de 4 ans à gérer son anxiété liée à la séparation ?

Quand on parle de séparation parents/enfants, une règle importante à garder en tête est : « pas de séparation sans préparation » (formule d’Haïm Ginott, précurseur américain de la parentalité positive). La plus grande peur d’un enfant est que ses parents arrêtent de l’aimer ou l’abandonne.

Cela signifie qu’un enfant qui manifeste de l’anxiété n’est pas un enfant trop couvé, un bébé crampon et ses parents ne sont pas des parents poules. Il est mû par son instinct d’attachement. Comme les jeunes enfants supportent mieux une séparation quand elle est bien préparée à l’avance, il est possible de passer par des mots, des jeux, des mimes ou encore des livres.

Je vous propose quelques pistes pour préparer la séparation et diminuer l’anxiété des enfants (qui est toutefois normale et sainte) :

  • Il est possible d’utiliser des peluches ou des personnages pour jouer la scène de séparation (par exemple, papa va à l’hôpital ou maman part en déplacement). L’enfant pourra jouer l’enfant et le parent mènera le jeu en déroulant un scénario par l’intermédiaire des peluches et pourra poser des mots sur ce qui va se passer.
  • Avec les très jeunes, les jeux de cache-cache permettent de comprendre qu’une personne perdue de vue revient et que la séparation n’est pas définitive.
  • Les enfants supporteront mieux les séparations grâce à des manifestations physiques du parent. Cela peut passer par des messages audio laissés à la disposition de l’enfant, des petits mots écrits que l’enfant pourra relire ou se faire lire, des photos ou des vidéos et bien sûr des appels fréquents en cas de séparation longue.
  • Parler à l’enfant de la personne qui va s’occuper de l’enfant (lui présenter avant si possible, bien donner son nom, rester quelque temps en présence de la personne) va l’aider à appréhender la séparation. Il en va de même avec une visite préalable des lieux (c’est généralement ce qui se passe pour l’entrée en crèche ou à l’école ou via les périodes d’adaptation progressive chez les assistantes maternelles où l’enfant passe une heure, une demie journée puis une journée complète avant d’être laissé complètement en garde).
  • Les parents peuvent évoquer avec l’enfant ce qu’il fera pendant la séparation en donnant des repères temporels qu’il comprend (heure de dépôt, matin, midi, après-midi, heure des retrouvailles). Les parents peuvent également raconter ce qu’ils feront eux-mêmes pendant la séparation.
  • Il est utile d‘évoquer et visualiser les retrouvailles avec l’enfant (où, quand, ce qu’on fera ensemble). Il est intéressant de mettre en place un rituel des retrouvailles, comme le fait de rentrer à pieds (ou de se garer un peu loin pour avoir l’occasion de marcher un peu ensemble et de discuter de manière informelle) ou d’amener quelque chose à boire ou à manger selon l’heure. De même, il est possible de mettre en place des rituels au moment de se quitter (comme le fait de déposer un bisou dans chaque poche de l’enfant ou de dessiner un coeur au creux du poignet de l’enfant).
  • Il est possible de fabriquer un semainier ou un planning avec les jours de la semaine découpés en séquences temporelles : les temps passés ensemble, les temps passés à l’école, avec la nounou, les jours de déplacement du parent… Des photos pourront être affichées pour plus de repères.
  • Mieux vaut bien partir en disant « au revoir ». On peut être tenté de partir « en douce » pour éviter à l’enfant de pleurer quand il nous verra partir mais cela réveille l’angoisse d’abandon chez l’enfant de voir que son parent est parti sans le prévenir. Il peut être difficile d’entendre les pleurs de l’enfant qui manifeste son angoisse d’anxiété sans être tenté de les minimiser car nous pensons ainsi soulager la peine de l’enfant (par exemple, en lui disant : « Mais non, ça ne fait pas peur » ou « ça va passer vite »). Ce sera plus soutenant pour lui de dire : « Oui, tu aimerais qu’on reste encore ensemble, ça te rend vraiment triste » ou « C’est vrai, tu n’as pas envie d’y aller, tu préférerais rester avec moi ».

Au-delà des outils et astuces pour diminuer l’angoisse de séparation, nous pouvons nous questionner sur la pertinence des séparations entre parents et enfants.

Raisonner en termes de besoins (des parents comme des enfants), d’attachement et d’environnement socio-culturel permet de prendre en compte les raisons qui sous-tendent les comportements des enfants (et de traiter les causes au-delà des simples symptômes). Nous vivons en effet dans une « société séparatiste » (expression de Valérie Vayer, thérapeute française) : tout pousse les parents à se séparer de leurs enfants très tôt (congé maternité court, congé paternité encore plus court, congé parental mal rémunéré, école obligatoire dès 3 ans, valorisation de la vie professionnelle et dévalorisation des parents au foyer…).

Les séparations sont donc considérées comme normales et même souhaitables pour la socialisation des jeunes enfants (qui, sinon, seraient trop couvés et mal adaptés à la vie en collectivité). Pourtant, ce dont les enfants ont avant tout besoin est de temps, en quantité et en qualité, avec leurs parents.

Avoir cette information en tête permet de considérer que l’enfant n’est pas prêt, que le parent n’est probablement pas prêt non plus (sinon, il ne serait pas touché à ce point dans ses tripes par les manifestations d’angoisse de son enfant) et d’envisager que les conditions d’accueil sont peut-être inadaptées (la crèche et les écoles maternelles sont vraiment difficiles pour les jeunes enfants).

Écouter notre instinct de parent n’est pas de la faiblesse et peut nous permettre de repenser notre organisation familiale et professionnelle pour un mieux-être tant des parents que des enfants.

Retrouvez d'autres conseils et astuces, vous pouvez répondre le reste de la Foire aux Questions de Caroline Jambon sur la chaîne Youtube de parentips ou encore dans son nouvel ouvrage :

CET ARTICLE A ETE ECRIT PAR - Caroline JAMBON

Après avoir enseigné, Caroline Jambon a créé en 2014 les blogs apprendreaeduquer.fr et apprendre-reviser-memoriser.fr. Elle y partage avec ses lecteurs sa passion pour la bientraitance éducative et la connaissance de soi.

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