On peut remarquer qu’il rechigne et se dire que cela va passer. Surtout si cela ne dure que quelques jours. Dans d’autres cas, si cela persiste, le parent peut se trouver démuni et ne pas savoir comment réagir le matin quand il s’agit de l’habiller, de lui faire prendre son petit-déjeuner, de le déposer à l’école.
La plupart du temps le parent est pressé car il doit se rendre à son travail. La réaction habituelle est de mettre la pression à l’enfant, d’accélérer la séance d’habillage alors qu’il gémit, et parfois les mots d’impatience fusent : « Tu vas nous mettre en retard, tu ne vas pas nous faire ta comédie chaque matin », etc. Et on peut passer à côté de quelque chose qui le perturbe plus sérieusement qu’on ne le pense.
D’autant qu’en fonction de son âge et de son aptitude à parler, à s’exprimer, sa réaction sera différente. Un enfant de 8 ans verbalisera certaines choses, là où l’adolescent se taira. Un jeune enfant de 4 ou 5 ans réagira avec retard à un évènement qui le contrarie. Plusieurs jours, voire plusieurs semaines après. Inversement, si l’adulte consent à ne pas mettre son enfant à l’école pour un ou deux jours, sans véritablement comprendre la source de son mal-être, il deviendra plus difficile de le remettre dans l’établissement. On le comprend, le rôle du parent va être d’essayer de décrypter le refus d’aller à l’école et de l’aider à affronter ses peurs. Et non de les exacerber en ayant une attitude anxiogène et trop protectrice, voire autoritaire.
Quelles sont les causes possibles ?
Elles sont nombreuses et dépendent de la sensibilité de votre enfant, de son histoire, de ses capacités de sociabilisation, de ses facilités ou non à communiquer, de sa place dans la fratrie, de son estime de soi, etc. Dans tous les cas, il est probable que son refus ou sa difficulté à vouloir retourner à l’école soient couplés à d’autres signes ou d’autres modifications de son comportement (comportement alimentaire, sommeil, agressivité, repli sur soi, baisse des résultats scolaires, etc.). Listons un peu les causes possibles ci-après.
- Un autre élève a peut-être un comportement inadapté avec votre enfant : il est agressif verbalement ou physiquement, s’en prend à son aspect physique, son éventuel surpoids, ses vêtements, ses lunettes, son genre, etc. Cet élève a peut-être aussi autour de lui une petite cour d’autres élèves sur lesquels il exerce une certaine influence, ce qui ajoutera au malaise de votre enfant qui se voit moqué par un groupe.
- Il vit difficilement, et c’est nouveau, le fait d’être séparé de ses parents ou de quitter le foyer familial : quelqu’un est peut-être malade ? ou un décès a eu lieu (grand-parent ?). Parfois, ce peut être une crainte ressentie et basée sur rien de concret.
- Il commence à se sentir rejeté par le groupe ou devient réservé, timide. Se retrouver dans la cour d’école lors de la récréation devient peut-être un moment douloureux ou d’isolement pour lui, alors que les autres jouent.
- Il a des difficultés pour certains apprentissages à l’école, n’ose pas en parler, en tous les cas pas à ses parents.
- Un conflit conjugal existe à la maison, il entend parfois des échanges houleux et c’est la peur au ventre qu’il va à l’école, craignant que ses parents se séparent pendant qu’il est à l’école.
- L’environnement sanitaire lié à la pandémie Covid impacte tout le monde, avec des changements de réglementation réguliers : il ne s’y retrouve pas et cela génère peut-être de l’anxiété. Se retrouver au sein d’un cluster peut l’inquiéter. Il peut aussi se sentir responsable d’être porteur du virus qu’il introduit à la maison.
- Il supporte mal un changement d’enseignant ou un changement d’école depuis la rentrée.
- Un déménagement récent peut l’impacter, soit en amont de l’évènement, soit en aval, à distance.
- Il a tendance à être surprotégé par l’un de ses parents, voire les deux, ce qui, à terme, peut l’empêcher de s’autonomiser et il éprouve alors des difficultés à se réassurer.
- Il se sent incompris, différent des autres.
Comment se comporter ?
Dans tous les cas, il est déjà important de ne pas minimiser le comportement de son enfant, montrez-lui que vous y attachez de l’importance et écoutez-le avec bienveillance.
Lorsque vous parlez de l’école, soyez affirmatif(ve) et ne laissez pas de place au doute. Dites, par exemple : « Prépare-toi pour l’école », plutôt que « Es-tu prêt pour l’école ? ». Utilisez « quand » au lieu de « si » : « Quand tu seras à l’école demain… », plutôt que « Si tu vas à l’école demain… ». Ne mélangez pas votre affirmation avec l’affect : « Si tu vas à l’école on fera un câlin » ou « Tu auras droit de jouer davantage sur ta console… ».
Soyez positif(ve) avec lui, mettez l’accent sur des éléments qui le valorisent, il a besoin de prendre confiance en lui, cela peut mettre du temps. Engagez des activités plaisantes, familiales ou amicales le week-end, cela ponctuera positivement sa semaine. Faites-le s’exprimer sans le comparer à ses frères et soeurs, ou à quiconque, sans donner vous-même les réponses. Lui-même peut trouver une partie de celles-ci s’il se sent accompagné et non jugé. Ne lui parlez pas forcément de votre propre histoire. Le sujet, c’est lui. S’il vous pose des questions sur la façon dont cela se passait à l’école pour vous, allez-y doucement, ne vous mettez pas en avant. Montrez-lui simplement que ce n’est jamais toujours facile, que l’école
vous a beaucoup apporté et qu’il doit apprendre la patience et compter sur lui-même.
Rappelez-lui à cette occasion qu’aller à l’école est incontournable et obligatoire et qu’ensemble vous allez avancer dans la gestion de ses émotions. Montrez régulièrement que vous vous intéressez à ce qu’il fait et apprend à
l’école. Félicitez-le lorsqu’il aborde certains sujets ou revient avec de bons résultats. Mais sans en faire trop non plus et sans mettre une pression constante sur les notes, car il faudra bien qu’il puisse aussi s’autonomiser. Si besoin, allez voir ensemble son enseignant principal ou celui chez lequel vous avez identifié un malaise. Autre idée qui va dans ce sens : n’hésitez pas à faire venir chez vous (pour partager des repas, un jour de week-end) l’un ou l’autre camarade de classe en qui il semble avoir confiance.
S’il semble énervé, stressé, apprenez à rester « zen ». Si besoin, trouvez un temps calme pour aborder le sujet, à distance. Proposez-lui des rendez-vous avec vous dans la journée pour échanger sur ses craintes. Dans sa chambre ou dehors à l’occasion d’une promenade. Évitez ces échanges avant le coucher, cela risque d’impacter son sommeil. Vérifiez d’ailleurs qu’il ait un bon sommeil et une bonne hygiène de vie : la fatigue peut aussi impacter son énergie et son enthousiasme de se lever le matin. L’accès aux écrans doit être surveillé de près, tout en lui faisant confiance et en établissant des règles. Et, si vous le sentez stressé, apprenez-lui à se relaxer : sport, sophrologie, musique, etc.
S’il dit avoir « mal au ventre » quand il va à l’école, voyez alors avec le médecin pour éliminer un réel problème somatique. Ce même médecin pourra alors vous donner des conseils si aucune maladie n’est détectée, comme vous faire accompagner par un psychologue ou un thérapeute qui aborde les émotions.
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